Jeanne Sadran : À mes 14 ans environ, nous avons acheté Rominet avec pour objectif d’aller au plus haut niveau et pourquoi pas faire les championnats d’Europe. La même année, nous avons aussi acquis United. Pour moi, c’est l’un des meilleurs poneys du circuit, il est très complet et veut toujours bien faire. En parallèle, je concourais déjà sur les épreuves chevaux mais j’arrivais très bien à assimiler les deux. Tout au long de mon parcours à poney, j’ai fait plusieurs CSIP tels que Barbizon, Cagnes-sur-Mer et encore Lichtenvoorde. Ma première sélection tricolore a été à l’occasion du Bonneau International Poney à Fontainebleau en 2015. C’était pour moi une grande première ! D’ailleurs l’année suivante, j’y ai aussi pris part en tant que réserviste. J’étais à la fois contente et triste puisque je n’allais pas courir la Coupe des nations qui est toujours un moment particulier, surtout à Fontainebleau, devant son public ! J’étais fière de la victoire de l’équipe de France, mais je voulais aussi la mienne : je me suis bien rattrapée en remportant le Grand Prix avec Rominet.
J.S. : Je retiens vraiment cette victoire citée plus haut avec Rominet dans le Grand Prix du CSIOP du BIP. Gagner chez soi à une saveur particulière. D’ailleurs, seules les françaises Juliette Boullé (en selle sur Chaveta II, ndlr) et Camille Condé Ferreira (avec Pumkins Pondi, ndlr) ont remporté cette épreuve-ci (respectivement en 2004 et 2014, ndlr). C’était chouette d’ajouter mon nom au tableau !
P.A. : Tes poneys sont maintenant montés par ta petite sœur Louise Sadran. Que ressens-tu lorsque tu les vois ensemble ?
J.S. : Nous avons déménagé dans nos nouvelles écuries « Ecurie Chev’el » situées à Gauré près de Toulouse, en mars 2018. Maëlle Martin, Nina Malleveay, Zazie Gardeau, Louise et moi en sommes les cavalières. Le but est d’être une écurie de concours où il y a un bon état d’esprit. Maëlle s’occupe beaucoup de moi, elle me transmet ses connaissances. Je me suis facilement identifiée dans son équitation et sa féminité. Julien Epaillard vient environ deux fois par mois nous faire travailler et me coache lorsque nous sommes présents sur les mêmes compétitions. Il est de très bons conseils. Julien me transmet son expérience du haut niveau et son esprit de compétiteur. Nous avons également des grooms, un palefrenier, des cavaliers maison ce qui permet à chacun d’avoir ses chevaux attribués pour les concours. Ce sont de belles infrastructures et très fonctionnelles avec des espaces extérieurs qui permettent de garder le moral des chevaux.
P.A. : Explique-nous ton organisation…
J.S. : Mon temps est partagé entre mes études et les chevaux. Mon lycée se fait en quatre ans plutôt qu’en trois dû aux horaires aménagées. Je n’ai cours qu’une partie de la journée ce qui me permet d’aller monter à cheval et surtout de passer du temps avec eux le reste de la journée. Ma terminale scientifique se fait donc sur deux ans ce qui me permet d’être autant appliquée dans mon projet scolaire que sportif. Une fois mon BAC obtenu, je souhaite continuer mes études. Mais, ce n’est pas facile de trouver quelque chose compatible avec les chevaux en ayant des aménagements. J’aime les études et ça ne peut être qu’un plus pour ma carrière sportive.
J.S. : Je monte actuellement six chevaux en compétition. Ad Reflet d’Azif est mon cheval de Junior. Digisport Satisfaction est une jument que j’ai depuis peu. Elle est très délicate mais m’apprend beaucoup. Une Pêche est ma jument avec qui je saute plutôt les épreuves Ranking de 2* et 3*. Comic Star est une jument de 8 ans qui n’a pas encore toute l’expérience mais avec un bon potentiel. Puis, je commence à participer aux épreuves 5* avec Vannan et Unforgettable Damvil. J’ai d’ailleurs fait les championnats d’Europe Junior l’an passé avec ce dernier.
J.S. : Mon premier 5* était à Doha. Cette année-là, c’était également la finale du circuit Longines Global Champion Tour : les obstacles étaient imposants. J’étais très impressionnée par cet immense stade mais surtout au paddock : j’étais vraiment à proximité des meilleurs cavaliers mondiaux. Je n’osais pas tellement m’imposer. Une fois en piste, j’étais seule avec mon cheval alors il faut se prendre en mains et y aller (rire !). Lors de ces concours-ci, ce sont de gros parcours avec beaucoup de technique. Je sais que je peux sortir avec des scores lourds mais, ce qui est sûr, c’est que j’en sors grandie. Ce ne sont pas des parcours que je saute tous les week-ends, ça m’est encore un peu impressionnant mais ce n’est que de l’expérience à prendre ! J’aimerai arriver au niveau de ces cavaliers mais le chemin est long, il faut prendre en compte l’esprit de compétition, la force de caractère, le travail, la volonté et les chevaux. Ces cavaliers-là ne laissent rien au hasard.
P.A. : Voilà deux ans que tu concoures avec l’équipe des Monaco Aces en Global Champion League constituée de Julien Epaillard, Jérôme Guéry, Laura Kraut, Billy Twomey et Jos Verlooy. Tu es leur U25…
J.S. : La première année, j’ai très peu couru les 5* car je n’étais pas prête. Mais, cela m’a permis d’apprendre à vivre la compétition autrement : comment la préparer et l’aborder, développer un esprit d’équipe avec des coéquipiers d’autres nationalités, voir des gros parcours, la stratégie et le commerce autour d’elles. Il y a vraiment une organisation énorme autour de ces équipes pour qu’elles soient performantes puisqu’il y a un gros enjeu à la fin ! Cette deuxième année sera plus sportive, j’ai participé au LGCT de Doha, Cannes ou encore New York où ça s’est bien passé. Il y a énormément d’avis favorables et défavorables concernant ce circuit, mais il a aussi permis de faire grandir le sport d’une autre manière. Si on a les chevaux et l’opportunité, ce circuit a sa place dans le calendrier : c’est quelque chose de chouette pour les jeunes cavaliers et donne le tremplin pour rentrer dans le haut niveau. Chaque équipe a son cavalier U25 et cela peut leur être bénéfique comme rencontrer de futurs propriétaires, entraineurs, partenaires ou sponsors qui les aideront à passer un cap dans leur carrière. Je ne dis pas que c’est LE circuit qu’il faut faire mais c’est le chemin que j’ai choisi pour atteindre le haut niveau.