Tressy Muhr : Exactement, j’ai monté beaucoup de poneys mais ce sont ces trois-là qui sortent du lot. Kalifa a été mon premier partenaire de Grand Prix et internationaux sur le circuit Poney. Nous avons d’ailleurs été sacrés champions de France des As Excellence en 2010. Mais cette année-là, je faisais le championnat d’Europe Enfants avec mon cheval Lord du Valy. J’avais 12 ans lors de mes premières sélections internationales ; c’est quelque chose d’incroyable : enfin ! Plus jeune, lorsque je voyais les autres, je me disais : « si un jour je peux le faire, ce sera vraiment bien ! ». Le jour où ça arrive, c’est dingue. Nous avons l’impression de rentrer dans la cour des grands, c’est quelque chose de plus professionnel.
En 2011, Milford m’a été confié par la famille Skalli : tout est allé très vite à son arrivée puisque Kalifa s’était blessé. J’ai très vite été sélectionnée pour le CSIOP du Bonneau International Poney avec lui. Je me suis lancée et directement nous avons formé un bon couple. Nous nous entendions très bien. Il a sa façon de fonctionner, mais une fois comprise, il va tout donner. Cette même année, nous avons couru les championnats d’Europe en Pologne. Nous faisons malheureusement tomber une barre sur la dernière manche de la finale qui nous prive du barrage. Nous sommes tout de même huitièmes en individuel. L’année suivante, je me sentais plus fatiguée en arrivant à Fontainebleau pour les championnats d’Europe. Nous ne faisons pas de performance mais il a tout de même fait une superbe saison tout en m’emmenant à cette échéance-ci. Avec Qredo, nous avons eu une histoire plus compliquée. Il a rejoint ma selle à ses 6 ans, il était très doué mais avec un caractère assez dur. Dans son année de 7 à 8 ans, il m’a donné beaucoup de fils à retordre. J’ai vraiment dû passer du temps à le dresser sinon en piste, ça n’allait pas. Une fois ce travail acquis, il est devenu incroyable. Il ne fait qu’1,45 m donc à chaque fois qu’il sautait les Grands Prix, je décollais ! Nous avons terminé nos années ensemble à la suite du championnat d’Europe, à Arezzo, en Italie. Il avait tout d’un cheval sauf sa taille, ce qui m’a permis de vraiment évoluer dans mon équitation.
T.M : Je choisirai quand même Kalifa. Avec mon frère Robin Muhr, il nous a tout appris : c’est notre poney de cœur. J’ai rarement vu un poney sauter des Grands Prix avec différents cavaliers mais toujours de la même manière. Je pense que c’était vraiment l’un des meilleurs poneys du circuit. Il a toujours tout donné ! Jusqu’à ses 19 ans, il était en Grand Prix : oui, je n’ai jamais vu un poney avoir autant l’envie de sauter et ce, jusqu’au bout !
T.M : Nous avons beaucoup travaillé avec Jean-Luc Leboucher, et nous continuons toujours un peu. Au début, son élevage n’était pas encore très connu. Cela nous a permis, pour lui, de faire connaître son élevage et nous d’avoir des poneys et chevaux avec de bonnes origines à mettre en avant tout en les travaillant. Au début, il m’avait contacté pour Qredo et tout s’est fait naturellement.
P.A : À quel moment as-tu su que tu voulais être cavalière professionnelle ?
T.M : Mon frère et moi avons fait le CNED. Nous avons toujours été plus branchés équitation qu’école même si je suis allée jusqu’à mon baccalauréat. Ça a toujours été naturel pour moi de monter à cheval. Puis, ayant la chance d’avoir des parents dans le milieu, cela m’a permis de pouvoir en faire mon métier.
T.M : Cela faisait un moment qu’on y réfléchissait avec mon frère car la plupart de notre famille est en Israël. C’était également un hommage à notre grand-mère décédée. Sur le plan sportif, nous nous sommes aussi dit que cela nous ouvrirait des portes puisqu’il y a moins de cavaliers israéliens et d’avoir des sélections plus facilement. Mon frère en a d’ailleurs eu pas mal en 5* et j’ai aussi pu avoir accès à des 4* où, sous les couleurs françaises je n’aurai pu rentrer. Dès la première année, j’ai donc pu faire les championnats d’Europe comme dit précédemment. Robin et moi avons participé au CSI U25 Les Talents Hermès en équipe au Grand Palais l’année dernière. Concernant nos coéquipiers israéliens, nous essayons tous d’être en contact pour avoir un esprit d’équipe, même si ce n’est pas pratique car nous sommes tous dispatchés dans le monde. Nous sommes souvent en contact avec notre entraineur Jeroen Dubbeldam, surtout mon frère qui a déjà couru des Coupes des nations. Je m’inspire beaucoup d’Ashlee Bond et Daniel Goldstein Waldman.
T.M : Que les concours reprennent ! (rire). Actuellement, je suis dans une période où je prépare de nouveaux et jeunes chevaux, ils vont continuer à progresser. De mon côté, je souhaite évoluer pour atteindre le haut niveau.