Julia Dallamano : J’ai eu beaucoup de chance de l’avoir croisé ! Sans lui, je n’en serais sûrement pas là ! Ma famille était totalement amatrice de chevaux, nous nous amusions. Nous avons fait une rencontre qui nous a emmenée à l’essayer en Hollande. Nous l’avons acheté sur un coup de cœur, l’essai s’était très bien passé, mais nos débuts ont été difficiles. Il était assez spécial. Lorsque nous l’avons acheté, nous n’étions pas dans le milieu de la compétition, je ne savais même pas ce qu’était le circuit européen. Nous sommes allés à Ozoir-la-Ferrière monter avec l’entraîneur national Marcel Delestre qui nous a dit que nous n’aurions jamais dû l’acheter : « il était au championnat d’Europe avec une hollandaise où il est deux fois éliminé dans la Coupe des nations, c’est grâce à lui que nous avons pu avoir une médaille avec la France ! », nous a-t-il dit. Mon père et moi avons commencé à nous poser des questions puisqu’au début, nous étions irréguliers : sans-faute, éliminés, sans-faute ! Tout s’est ensuite amélioré en 2013 où nous n’avons pas raté grand-chose. Black répondait toujours présent et à n’importe quel concours ! Nous avons participé au championnat de France où il s’est arrêté sur le numéro un avant de dérouler un très beau parcours. Nous terminions quatrième de ce championnat et j’avais à peine 13 ans !
P.A : Trois championnats d’Europe à poney : sacrée vice-championne d’Europe en individuel et médaillée de bronze par équipe en 2004, puis de nouveau le bronze par équipe deux ans plus tard, comment as-tu vécu ces performances ?
J.D : C’est vrai qu’après ce championnat de France là, tout était lancé ! Nous sommes d’abord partis en Pologne, en Italie puis à Saumur, en France. À Jaszkowo en 2004, pour mes premiers championnats d’Europe, je ne me suis pas rendue trop compte de l’importance de l’événement et des performances même si j’ai été vice-championne d’Europe en individuel et médaillée de bronze par équipe. J’étais encore tellement jeune et amatrice. J’avais la médaille, j’étais contente et puis voilà ! Lorsque nous étions partis à Pratoni del Vivaro, en Italie, en 2005, toute l’équipe étaient très confiante. Et moi aussi, je sentais mon poney en grande forme et nous venions de remporter le titre de champion de France. Pourtant le championnat ne s’est pas très bien passé, aucune médaille individuelle ou par équipe. L’année suivante, je réédite mon titre de championne de France et je suis sélectionnée pour l’échéance européenne pour la troisième année consécutive. En 2006, c’était chez nous en France, à Saumur ! Médaillés de bronze par équipe, j’ai aussi gagné la consolante cette année-ci si mes souvenirs sont bons ! Au cours de ces trois années en équipe de France Poney, je me suis rendue compte comme il est dur de faire partie des meilleurs !
J.D : J’ai pu remarquer qu’aujourd’hui on parle moins des poneys comme à l’époque. Je ne sais pas si c’est le fait que je suis maintenant éloignée de ce milieu mais j’ai l’impression que c’est moins « grandiose ». Avant, le poney était le sport de haut niveau pour les jeunes. C’était assez hallucinant comme ça pouvait être important pour nous ! Tout le monde nous regardait même à l’étranger ce qui, pour notre âge, nous a permis d’avoir d’excellents contacts. J’allais beaucoup m’entrainer chez Simon et Marcel Delestre : ils m’ont pris sous leurs ailes. Grace à eux, nous avons acheté des chevaux afin d’avoir une relève pour le circuit Juniors. Ensemble, nous avions construit de belles choses pour mon avenir ! Mais, je crois qu’un autre point est à relever : notre entraîneur Marcel Delestre avait réussi à monter une réelle équipe, comme il a toujours su faire d’ailleurs ! Il a pris les poneys, il a fait un travail incroyable tout comme ensuite avec les Juniors, les Jeunes Cavaliers, la Colombie en Séniors et aujourd’hui avec le Maroc ! Je pense que Marcel est un vrai dirigeant, il est fait pour l’esprit d’équipe ! Il arrive à motiver les troupes, les parents, trouver les bons investisseurs et coachs : il est fait pour ça. Je n’ai jamais connu meilleur que Marcel pour diriger ces jeunes.
P.A : C’est vrai que votre génération passée en équipe de France avec Marcel Delestre, à l’instar d’Emeric George ou encore de Fanny Skalli, est aujourd’hui présente à haut niveau !
J.D : Marcel a vraiment formé des jeunes pour le haut niveau, du poney jusqu’à la catégorie Séniors ! À poney déjà, nous étions formés comme des cavaliers de 5* ! Marcel est passionné, il a toujours passé énormément de temps avec les chevaux et leurs cavaliers pour toujours tirer le meilleur d’eux ! Il vivait pour ça.
P.A : Que penses-tu de l’évolution du circuit Poney ?
J.D : Après avoir quitté ce circuit, je continuais quand même de regarder ce qu’il s’y passait. Je trouve que les mentalités ont vite changé et que le circuit est devenu très cher. À mon époque, personne n’achetait des poneys aussi chers ! Marcel avait de bons poneys qu’il gardait chez lui, avec son système, et chaque année, il les faisait louer à de bons cavaliers. Il faisait vraiment ça pour le sport. J’ai l’impression que c’est devenu un business dingue : ça coûte une fortune. C’est assez délirant ! C’est sûr qu’il est bien plus simple d’acheter un cheval pour les circuits Enfants ou Juniors afin d’accéder au haut niveau plutôt qu’un poney pour les championnats d’Europe ! Au niveau des parcours, de la technique et de la hauteur des obstacles, il est difficile de dire (tout est identique, ndlr). Au moment où je faisais ces épreuves, je trouvais ça énorme et très difficile mais j’étais tellement jeune… ça me paraissait tellement gros ! Depuis, j’ai revu quelques Grands Prix, ils me paraissent forcément moins compliqués puisque je suis déjà passée par là. Mais, je pense que tout a évolué : atteindre le haut niveau à poney ou à cheval et aller au championnat d’Europe est compliqué quel que soit le niveau !
P.A : Qu’en est-il de ton passage à cheval ?
J.D : Je suis passée à cheval avec mes chevaux qui étaient chez les Delestre, d’abord en Juniors avec Marokko. Nous avons été médaillés de bronze par équipe aux championnats d’Europe d’Auvers en 2007 avec Marcel comme entraîneur. J’ai débuté mes années Jeunes Cavaliers avec un super cheval, Sarantos. À 17 ans, j’ai gagné mon premier Grand Prix de ce niveau à Reims où j’étais surclassée, initialement encore Juniors. J’ai vraiment gardé un bon souvenir de cette victoire car c’était le CSIO de France ! En parallèle du circuit Jeunes, je courrais également le Grand National en équipe avec Simon. Il marquait plus de points que moi (rire !) mais c’était très formateur pour la suite. J’ai obtenu ma première sélection en Séniors par Thierry Pomel à 21 ans avec Sarantos au CSIO 3* de Bratislava en Slovénie, en 2011. Plus récemment, j’ai eu la chance de rencontrer une super jument qui n’était pas destinée au si haut niveau, mais elle a vraiment évolué en une saison ! À l’époque où Philippe Guerdat était encore sélectionneur des bleus, il ouvrait beaucoup les portes aux jeunes cavaliers. J’ai eu la chance de participer au CSI 5* de Valence avec Umea de Pleville et Hoepala VH Daalhof. Dans la foulée, j’ai aussi couru le CSIO 5* à Gijòn, en Espagne, en 2017. C’était une expérience formidable ! Dans le Grand Prix, je suis sans-faute sur le parcours initial puis lors du barrage je fais une faute sur le dernier… sinon je gagnais ! Je termine huitième, j’étais très contente, mais c’est vrai que lorsqu’on frôle la victoire, c’est assez frustrant.